đ«đ· DĂRIVĂE D'UNE FONCTION Ă UNE VARIABLE
2. DĂRIVĂE D'UNE FONCTION Ă UNE VARIABLE
Les dĂ©rivĂ©es sont des outils essentiels pour comprendre comment une quantitĂ© varie par rapport Ă une autre. Elles jouent un rĂŽle fondamental dans des domaines aussi variĂ©s que les sciences, l'Ă©conomie, l'ingĂ©nierie et mĂȘme la mĂ©decine.
Prenons un exemple simple : la vitesse d'une voiture. Si vous parcourez une distance \(d\) en fonction du temps \(t\), la dérivée de \(d\) par rapport à \(t\), notée \(v = \frac{\mathrm{d}d}{\mathrm{d}t}\), correspond à votre vitesse instantanée. Cela vous permet de savoir à chaque instant à quelle rapidité vous vous déplacez.
Plus largement, les dérivées sont utilisées pour calculer l'accélération, optimiser la consommation de carburant ou encore modéliser les trajectoires dans les systÚmes GPS.
Un autre exemple courant est celui de l'économie : si une entreprise vend un produit à un prix \(p\), la dérivée de la fonction de revenus par rapport au prix, notée \(\frac{\mathrm{d}R}{\mathrm{d}p}\), aide à déterminer comment de petites variations du prix affectent les revenus. Cela permet aux entreprises de prendre des décisions éclairées sur la tarification.
Petit point historique
L'Ă©tude des dĂ©rivĂ©es remonte aux travaux des mathĂ©maticiens du XVIIe siĂšcle, notamment Isaac Newton et Gottfried Wilhelm Leibniz, qui ont indĂ©pendamment dĂ©veloppĂ© la notion de calcul diffĂ©rentiel. Newton cherchait Ă dĂ©crire les lois du mouvement et de la gravitation, tandis que Leibniz s'intĂ©ressait Ă des problĂšmes plus gĂ©nĂ©raux de variation et de flux đ€.
Newton a utilisĂ© les dĂ©rivĂ©es pour formuler ses cĂ©lĂšbres lois de la mĂ©canique, en particulier sa deuxiĂšme loi, \(F = ma\), oĂč l'accĂ©lĂ©ration \(a\) est la dĂ©rivĂ©e de la vitesse par rapport au temps.
Leibniz, quant à lui, a introduit la notation moderne des dérivées (\(\mathrm{d}y / \mathrm{d}x\)) et a posé les bases formelles qui sont encore utilisées aujourd'hui.
Pourquoi les dérivées sont-elles importantes ?
Les dérivées permettent non seulement de comprendre les changements instantanés, mais aussi d'optimiser des systÚmes complexes. Par exemple :
- En médecine, elles sont utilisées pour modéliser la propagation des maladies ou pour optimiser les doses de médicaments.
- En ingénierie, elles aident à analyser la résistance des matériaux ou à concevoir des systÚmes dynamiques comme les avions ou les robots.
- En économie, elles sont indispensables pour prévoir les tendances du marché ou analyser les coûts marginaux.
- Elles sont au centre des nouvelles mĂ©thodes d'intelligence artificielle đ€
Les dĂ©rivĂ©es sont bien plus quâun concept mathĂ©matique; elles sont un langage universel pour dĂ©crire le changement, que ce soit dans la nature, les machines ou les activitĂ©s humaines.
Leur dĂ©couverte a marquĂ© un tournant dans lâhistoire des sciences, en ouvrant la voie Ă des avancĂ©es technologiques et scientifiques majeures.
2.1. Définition
ConsidĂ©rons une fonction \( y = f(x) \), dĂ©finie et continue dans un voisinage du point d'abscisse \( x = x_0 \). Si on fait varier \( x \) en lui ajoutant un accroissement \(\Delta x\) (qui peut ĂȘtre positif ou nĂ©gatif) Ă partir de \( x_0 \), la valeur de \( y \) subira un changement correspondant.
Définition
La dĂ©rivĂ©e de la fonction \( f(x) \) en \( x_0 \), notĂ©e \( f'(x_0) \), est dĂ©finie comme la limite, si elle existe, du rapport \(\frac{\Delta y}{\Delta x}\) lorsque \(\Delta x\) tend vers zĂ©ro. Formellement, cela sâĂ©crit :
Exemple 1 : Calcul de la dérivée de \( y = x^2 \)
Pour \( f(x) = x^2 \) :
1. \( f(x + \Delta x) = (x + \Delta x)^2 = x^2 + 2x\Delta x + (\Delta x)^2 \).
2. La variation de la fonction est donnée par \( f(x + \Delta x) - f(x) = 2x\Delta x + (\Delta x)^2 \).
Le taux de variation sâĂ©crit alors :
En prenant la limite lorsque \(\Delta x \to 0\), on obtient :
Ainsi, la dérivée de \( y = x^2 \) est \( f'(x) = 2x \).
Exemple 2 : calcul de la dérivée de \(y=\sin x\)
car le rapport \(\sin (\Delta x / 2) /(\Delta x / 2)\) tend vers 1 lorsque \(\Delta x \rightarrow 0\). Ceci n'est vrai que si \(\Delta x\) est exprimĂ© en radians. Il faudra s'en souvenir notamment au chapitre des dĂ©veloppements limitĂ©s đ.
Les fonctions sinus et cosinus possĂšdent des propriĂ©tĂ©s particuliĂšres qui les rendent omniprĂ©sentes en mathĂ©matiques et en physique. Pas de panique nous reviendrons en dĂ©tail sur ces fonctions plus tard đ!
2.2. Intreprétation géométrique de la dérivée
Considérons le graphe de la fonction \( y = f(x) \) et désignons par \( M \) et \( N \) les points d'abscisses \( x_0 \) et \( x_0 + \Delta x \), respectivement. On observe que :
- \( \Delta x = MP \)
- \( \Delta y = PN \)
De plus, le rapport \( \frac{\Delta y}{\Delta x} \) correspond Ă la tangente de l'angle \( \beta \) :
Lorsque \( \Delta x \) tend vers zéro, le point \( N \) se rapproche de \( M \), la sécante \( (S) \) converge vers la tangente \( (T) \) à la courbe au point \( M \), et l'angle \( \beta \) tend vers \( \alpha \).
Ainsi, la dérivée de la fonction \( f(x) \) au point d'abscisse \( x = x_0 \) est numériquement égale à la pente de la tangente à la courbe au point \( (x_0, y_0) \) :
Nous utiliserons de temps en temps la notation \(tg\) pour désigner la tangente d'un angle, équivalente à \(tan\).

2.3. Calcul de dérivées
Maintenant que nous avons compris l'idée de dérivation de fonction il faut savoir les calculer !
2.3.1. Dérivée d'une somme, d'un produit, d'un quotient
\(U(x)\) et \(V(x)\) Ă©tant toutes deux fonctions dĂ©rivables, on dĂ©montre en utilisant la dĂ©finition mĂȘme de la dĂ©rivĂ©e que :
Définition
Example
Example
Example
2.3.2. Dérivée d'une fonction composée
ConsidĂ©rons une fonction \( y = f(U) \), dĂ©finie et continue (sa dĂ©rivĂ©e existe), oĂč \( U \) est elle-mĂȘme une fonction de la variable \( x \), soit \( U(x) \).
Lorsque \( x \) subit un accroissement \( \Delta x \), la fonction \( U(x) \) subit un accroissement \( \Delta U \), et la fonction \( y = f(U) \) subit un accroissement \( \Delta y \).
Lorsque \( \Delta x \) tend vers zéro, \( \Delta U \) et \( \Delta y \) tendent également vers zéro. On peut donc écrire :
En prenant la limite lorsque \( \Delta x \to 0 \), on obtient :
Pour mieux visualiser ces notions de fonction composĂ©e, on peut illustrer cela en considĂ©rant la fabrication de pizza Ă l'ananas đ.

Dans cette relation, la premiĂšre partie du produit reprĂ©sente la dĂ©rivĂ©e de \( y \) par rapport Ă \( U \), oĂč \( U \) est traitĂ© comme une variable indĂ©pendante. Cela se note \( y_U^\prime \).
La deuxiÚme partie correspond à la dérivée de \( U \) par rapport à \( x \), notée \( U_x^\prime \). En combinant ces deux termes, on obtient :
Cette formule est facilement gĂ©nĂ©ralisable et sâavĂšre trĂšs utile pour calculer les dĂ©rivĂ©es de fonctions complexes par un changement de variable.
Exemple 1: \(y=A \sin (\omega x+\varphi)\)
Posons \(\omega x+\varphi=U\), on a immĂ©diatement \(\left\{\begin{array}{l}U_{x}^{\prime}=\omega \\ y_{U}^{\prime}=A \cos U\end{array}\right.\) d'oĂč :
Exemple 2 \(y=\operatorname{tg}\left(1+x^{2}\right)\)
et donc :
2.4. Dérivées d'ordres supérieurs
La dĂ©rivĂ©e \(y^{\prime}\) d'une fonction \(y=\int(x)\) peut ĂȘtre encore une fonction de \(x\), on peut alors la dĂ©river et obtenir :
\(u^{\prime \prime}(x)=f^{\prime \prime}(x)=\mathrm{d}^{2} y / \mathrm{d} x^{2}\)
c'est la dérivée seconde de \(y\).

Ainsi tant que la fonction obtenue est continue (reste dérivable), on peut continuer le processus de dérivation. On obtient de proche en proche les dérivées successives de \(y\) :
Property
Il sera compliquĂ© ici d`illustrer le \(n^{iĂšme}\) processus de dĂ©rivation Ă l'aide d'un meme gastronomique mais je pense que vous avez l'idĂ©e đ€.
2.5. Tableau des dérivées usuelles
Passons maintenant à la partie la moins "glamour" si on peut dire cela comme ça... Le par coeur. En effet, pour progresser dans les mathématiques, on doit de temps en temps retenir des formules ou des concepts par coeur.
Cependant, il est important de ne pas confondre le part coeur et la compréhension véritable d'un sujet.
Function | Dérivée |
---|---|
\(y = a\) | \(y' = 0\) |
\(y = ax\) | \(y' = a\) |
\(y = x^m\) | \(y' = mx^{m-1}\) |
\(y = U(x)^m\) | \(y' = mU(x)^{m-1}U'(x)\) |
\(y = \frac{1}{x}\) | \(y' = -\frac{1}{x^2}\) |
\(y = \frac{1}{U(x)}\) | \(y' = -\frac{U'(x)}{U(x)^2}\) |
\(y = \sqrt{x}\) | \(y' = \frac{1}{2\sqrt{x}}\) |
\(y = \sqrt[m]{U(x)}\) | \(y' = \frac{U'(x)}{m\sqrt[m]{U(x)^{m-1}}}\) |
\(y = \sin x\) | \(y' = \cos x\) |
\(y = \sin U(x)\) | \(y' = U'(x) \cos U(x)\) |
\(y = \cos x\) | \(y' = -\sin x\) |
\(y = \cos U(x)\) | \(y' = -U'(x) \sin U(x)\) |
\(y = \tan x\) | \(y' = 1 + \tan^2 x = \frac{1}{\cos^2 x}\) |
\(y = \tan U(x)\) | \(y' = U'(x)(1 + \tan^2 U(x)) = U'(x)\frac{1}{\cos^2 U(x)}\) |
\(y = \cot x\) | \(y' = -1 - \cot^2 x\) |
\(y = \cot U(x)\) | \(y' = -U'(x)(1 + \cot^2 U(x)) = -U'(x)\frac{1}{\sin^2 U(x)}\) |
\(y = a^x\) | \(y' = a^x \ln a\) |
\(y = a^{U(x)}\) | \(y' = a^{U(x)}U'(x) \ln a\) |
\(y = e^x\) | \(y' = e^x\) |
\(y = e^{U(x)}\) | \(y' = e^{U(x)}U'(x)\) |
\(y = \ln x\) | \(y' = \frac{1}{x}\) |
\(y = \ln U(x)\) | \(y' = \frac{U'(x)}{U(x)}\) (dérivée logarithmique) |
\(y = \log x\) | \(y' = \frac{1}{x \ln 10}\) |
\(y = \log U(x)\) | \(y' = \frac{U'(x)}{U(x)\ln 10}\) |
\(y = \sinh x\) | \(y' = \cosh x\) |
\(y = \sinh U(x)\) | \(y' = U'(x)\cosh U(x)\) |
\(y = \cosh x\) | \(y' = \sinh x\) |
\(y = \cosh U(x)\) | \(y' = U'(x)\sinh U(x)\) |
\(y = \tanh x\) | \(y' = \frac{1}{\cosh^2 x}\) |
\(y = \tanh U(x)\) | \(y' = \frac{U'(x)}{\cosh^2 U(x)}\) |
\(y = \mathrm{Arcsin} x\) | \(y' = \frac{1}{\sqrt{1 - x^2}}\) |
\(y = \mathrm{Arccos} x\) | \(y' = -\frac{1}{\sqrt{1 - x^2}}\) |
\(y = \mathrm{Arctan} x\) | \(y' = \frac{1}{1 + x^2}\) |
\(y = \mathrm{Arcsin} U(x)\) | \(y' = \frac{U'(x)}{\sqrt{1 - U(x)^2}}\) |
\(y = \mathrm{Arccos} U(x)\) | \(y' = -\frac{U'(x)}{\sqrt{1 - U(x)^2}}\) |
\(y = \mathrm{Arctan} U(x)\) | \(y' = \frac{U'(x)}{1 + U(x)^2}\) |
Dans ce tableau " \(a\) " est une constante non nulle, \(U(x)\) une fonction a priori quelconque de \(x\) et toujours dĂ©rivable dans le domaine considĂ©rĂ© Ă©videmment đ.
Gardez en tĂȘte que vous ne croiserez pas toutes ces fonctions tous les jours, notamment les fonctions
Arcsin/cos
,cosh/sinh
...
2.6. Les propriétés importantes de la dérivée
Propriété
Lorsqu'une fonction est croissante sur un intervalle donné, sa dérivée est toujours positive ou nulle, et la réciproque est également vraie.
Supposons que \( x \) subisse un accroissement \( \Delta x \), quâil soit positif ou nĂ©gatif, et considĂ©rons le rapport classique :
Si la fonction \( f(x) \) est croissante, alors :
Cas | Condition | Conséquence |
---|---|---|
\( \Delta x > 0 \) | \( f(x+\Delta x) > f(x) \) | \( R(x, \Delta x) > 0 \) |
\( \Delta x < 0 \) | \( f(x+\Delta x) < f(x) \) | \( R(x, \Delta x) > 0 \) |
Ainsi :
Sur le graphe, la tangente en \( M \) à la courbe sera toujours au-dessus de l'horizontale passant par \( M \), avec un angle \( \alpha \) positif (mesuré dans le sens inverse des aiguilles d'une montre).
Propriété
La dĂ©monstration est similaire au cas prĂ©cĂ©dent. Si la fonction est dĂ©croissante, la tangente en \( M \) se situera sous lâhorizontale passant par \( M \), et lâangle \( \alpha \) sera nĂ©gatif. La dĂ©rivĂ©e change de signe lorsque la fonction change de comportement, câest-Ă -dire lorsquâelle passe par un extremum, ce qui donne :
Les tangentes aux points extrémaux des graphes sont horizontales : la pente et la dérivée sont nulles en ces points.
Enfin, si la courbe change de concavitĂ© (de positive Ă nĂ©gative ou inversement) au point \( x_0 \), alors la dĂ©rivĂ©e \( y' \) passe par un extremum, et la dĂ©rivĂ©e seconde \( y'' \) sâannule en \( x_0 \). Ce point est appelĂ© point dâinflexion.
Propriété
Lorsque qu'une fonction est décroissante sur un intervalle donné, sa dérivée est toujours négative ou nulle et réciproquement.
La démonstration est identique à la précédente. Sur le graphe de la fonction, la tangente en \(M\) à la courbe sera située au-dessous de l'horizontale passant par \(M\) et l'angle \(\alpha\) est négatif.
La dĂ©rivĂ©e change donc de signe lorsque la fonction change d'allure. C'est-Ă -dire lorsqu'elle passe par un extremum d'oĂč :
Propriété
Lorsqu'une fonction passe par un extremum (maximum ou minimum) sa derivée s'annule. \(\Leftrightarrow y^{\prime}(x)=0\)
On constate sur les graphes que les tangentes, aux points oĂč les fonctions sont extrĂ©males, sont horizontales ; les pentes sont nulles ainsi que les dĂ©rivĂ©es en ces points.
Sur le graphique de gauche on voit une fonction convexe avec un minimum \(x_{MIN}\) Au contraire sur le graphique de droite la fonction est concave avec un maximum \(x_{MAX}\)
2.6.1. Concavité et inflexion
Soit \(y=f(x)\) une fonction croissante dans l'intervalle \(A B\); sa dĂ©rivĂ©e premiĂšre \(y^{\prime}\) est donc positive. Si la courbe reprĂ©sentant les variations de \(f(x)\) dans le domaine \(A B\) a sa concavitĂ© tournĂ©e vers les \(y\) positifs (Fig. cicontre) la pente va en augmentant quand on va de \(A\) vers \(B\), c'est-Ă -dire que la dĂ©rivĂ©e \(f^{\prime}(x)\) est elle-mĂȘme une fonction croissante, donc que la dĂ©rivĂ©e seconde \(y^{\prime \prime}=f^{\prime \prime}(x)\) est positive.
Si , au contraire, la courbe a sa concavité tournée vers les \(y\) négatifs, la pente tout en restant positive va en diminuant lorsqu'on va de \(A\) vers \(B\), autrement dit la dérivée \(f^{\prime}(x)\) est une fonction décroissante dans l'intervalle \(A B\), donc \(y^{\prime \prime}\) est négative dans ce domaine.
Enfin, si la courbe prĂ©sente d'abord une concavitĂ© positive puis, Ă partir de \(x=x_{0}\) une concavitĂ© nĂ©gative, la dĂ©rivĂ©e \(y^{\prime}\) d'abord croissante devient dĂ©croissante et donc passe forcĂ©ment par un extremum, c'est-Ă -dire que la dĂ©rivĂ©e seconde \(y^{\prime \prime}\) s'annule pour \(x=x_{0}\). Le point oĂč ce changement de concavitĂ© se produit est appelĂ© "point d'inflexion".
Example
Exemple de la fonction : \(x^3 - 6x^2 + 9x + 2\)
Considérons la fonction \(x^3 - 6x^2 + 9x + 2\) et traçons sa courbe pour mieux comprendre.
Comme vous pouvez le voir, cette fonction présente deux concavités.
Calculons sa dérivée
La dĂ©rivĂ©e est reprĂ©sentĂ© en noir sur le graphique ci-dessus đ
Factorisons pour plus de style et pour voir clairement les zĂ©ros đ„ž
Les points critiques (oĂč \(f'(x)=0\)) de notre fonction sont donc \(x=1\) et \(x=3\).
Ătude du signe de \(f'(x)\) et du sens de variation
On va maintenant étudier le signe de la dérivée \(f'(x) = 3(x - 1)(x - 3)\) sur les intervalles délimités par les points critiques \(x=1\) et \(x=3\).
-
Intervalle \(]-\infty, 1[\)
- Prenons par exemple un \(x<1\), disons \(x=0\) :
\((0 - 1)<0\) et \((0 - 3)<0\) \(\implies\) le produit \((x-1)(x-3)\) est positif. Ainsi, \(f'(x)>0\) : \(f\) est croissante sur \(]-\infty, 1)\).
- Prenons par exemple un \(x<1\), disons \(x=0\) :
-
Intervalle \(]1, 3[\)
- Pour \(1<x<3\), par exemple \(x=2\) :
\((2 - 1)>0\) et \((2 - 3)<0\) \(\implies\) le produit \((x-1)(x-3)\) est négatif : \(f\) est décroissante sur \(]1, 3[\).
- Pour \(1<x<3\), par exemple \(x=2\) :
-
Intervalle \(]3, +\infty]\)
- Pour \(x>3\), disons \(x=4\) :
\((4 - 1)>0\) et \((4 - 3)>0\) \(\implies\) le produit \((x-1)(x-3)\) est positif : \(f\) est croissante sur \(]3, +\infty[\).
- Pour \(x>3\), disons \(x=4\) :
Voyons ce qu'il se passe autour de ces points đ§
-
\(f'\) passe de positif sur \(]-\infty,1[\) à négatif sur \([1,3]\). Donc la fonction est croissante avant \(x=1\) et décroissante aprÚs \(x=1\).
Conclusion : \(x=1\) est un maximum local.
-
\(f'\) passe de négatif sur \(]1,3[\) à positif sur \(]3,+\infty[\).
Conclusion : \(x=3\) est un minimum local.
Le point \(x = 2\) joue un rĂŽle particulier dans lâĂ©tude de la concavitĂ© et correspond au point dâinflexion de la courbe. Car la dĂ©rivĂ©e seconde : \(f''(x) \;=\; 6x - 12\)
On a donc \(f''(x) = 0\) quand \(6x - 12 = 0\), câest-Ă -dire lorsque \(x = 2\).
- Pour \(x < 2\) : \(6x - 12 < 0\) \(\implies\) \(f''(x) < 0\). La courbe est donc concave vers le bas.
- Pour \(x > 2\) : \(6x - 12 > 0\) \(\implies\) \(f''(x) > 0\). La courbe est donc concave vers le haut.
Comme le signe de \(f''(x)\) change en passant par \(x=2\), on a donc un point dâinflexion de coordonnĂ©es \(\bigl(2, \, 4\bigr)\).
Méthode
En conclusion si l'étude du signe de la dérivée premiÚre nous donne des informations sur les variations, croissance, décroissance, passage par des extrema de la fonction, l'étude du signe de la dérivée seconde nous fournit des informations sur la concavité de la courbe représentant la fonction et sur la présence d'éventuels points d'inflexion.
2.7. Applications des dérivées
Comme énoncé dans l'introduction du chapitre, le concept de dérivée est central en mathématiques et possÚde une histoire riche, étroitement liée au développement du calcul infinitésimal.
Jeretiens
En résumé, la dérivée est un outil mathématique fondamental, issu d'une longue évolution historique, et trouve des applications essentielles dans de nombreux domaines scientifiques et techniques.
2.7.1. Tracés des courbes
Nous venons de voir que l'Ă©tude des signes des dĂ©rivĂ©es premiĂšre et seconde donnait des prĂ©cieuses informations sur le comportement de la fonction et donc sur l'allure de sa courbe reprĂ©sentative. đ„ž
2.7.2. Angle d'intersection de deux courbes
Considérons deux courbes \(C_{1}\) et \(C_{2}\) représentant respectivement les fonctions \(f_{1}(x)\) et \(f_{2}(x)\), se coupant au point \(M\) de coordonnées ( \(x_{0}, y_{0}\) ). L'angle d'intersection de ces deux courbes est l'angle \(\varphi\) formé par les tangentes au point d'intersection, soit :
Au point \(M\) on a :
l'angle \(\varphi\) est donc tel que :
Example
Trouvons l'angle d'intersection entre un cercle et une parabole
Essayons ici de trouver l'angle d'intersection entre le cercle d'équation \(x^{2}+y^{2}=2\) et la parabole \(y=x^{2}\).
En remplaçant \(y\) par \(x^{2}\) dans l'équation du cercle on trouve immédiatement les coordonnées des points d'intersection, soit :
2.7.3. Transformation de Legendre
Soit une fonction \(y=f(x)\) dĂ©finie et continue sur un intervalle donnĂ©. La courbe reprĂ©sentative \(\mathcal{C}\) de cette fonction peut ĂȘtre aussi considĂ©rĂ©e comme l'enveloppe d'un faisceau de droites \(\mathcal{D}\) dĂ©finies comme l'ensemble des tangentes Ă la courbe \(\mathcal{C}\). Le rapport entre ces deux reprĂ©sentations est appelĂ© «dualité». La transformation qui fait passer d'une reprĂ©sentation Ă l'autre est la «Transformation de Legendre». Nous verrons plus loin (chap. 4, § 4.5.3) qu'elle est trĂšs utile en thermodynamique.
L'équation d'une droite \(\mathcal{D}\) dépend de deux paramÚtres : la pente " \(p\) » et l'ordonnée à l'origine « \(q\) ». Elle s'écrit :
oĂč \(p\) et \(q\) peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des donnĂ©es paramĂ©triques liĂ©es au point considĂ©rĂ© \(M(x, y)\) de la courbe \(\mathcal{C}\).
Par dĂ©finition, la fonction \(f(x)\) Ă©tant continĂ»ment dĂ©rivable, la tangente Ă la courbe \(\mathcal{C}\) en \(M(x, y)\) a pour pente \(p=\mathrm{d} f(x) / \mathrm{d} x\) d'oĂč \(q=f(x)-x \mathrm{~d} f(x) / \mathrm{d} x\).
La reprĂ©sentation \(y=p x+q\) donne donc l'ensemble des droites tangentes Ă la courbe \(\mathcal{C}\) en fonction d'un seul paramĂštre l'abscisse \(x\) du point de tangence. RĂ©ciproquement il doit ĂȘtre possible de passer de cet ensemble de droites Ă l'Ă©quation de la courbe \(\mathcal{C}\). Autrement dit \(q\) doit ĂȘtre une fonction de \(p\). L'Ă©quation de la droite \(\mathcal{D}_{p}\) a pour expression:
Pour obtenir le point sur \(\mathcal{C}\), il faut prendre l'intersection entre la droite \(\mathcal{D}_{p}\) et sa voisine \(\mathcal{D}_{p+\mathrm{d} p}\). C'est la définition d'une enveloppe et cela implique la propriété de dualité de la transformation considérée :
Si les équations de ces deux droites sont simultanément satisfaites, alors :
et si cette relation est satisfaite quel que soit \(\mathrm{d} p\), les droites voisines passent par le mĂȘme point \(M\) dont les coordonnĂ©es sont:
Nous avons donc obtenu une représentation paramétrique de la courbe \(\mathcal{C}\). Le passage réciproque entre les deux représentations est assuré.
2.7.4. ProblĂšmes de recherche des maxima et minima
Les problÚmes de recherche des maxima et minima sont fondamentaux dans les mathématiques moderne notamment dans l'optimisation et l'analyse de données.
Ces recherches d'optimum (maxima ou minima) permettent d'identifier les valeurs optimales dans un systÚme ou une relation, de prendre des décisions éclairées, de prédire les tendances, de modéliser les systÚmes physiques, etc.
Il existe plusieurs mĂ©thodes pour rechercher les minima et maxima de fonctions, chacune avec ses propres avantages et inconvĂ©nients, nous y reviendrons par la suite đ„ž.
Exemple 1 : problĂšme de la casserole
Une casserole a un volume V donné et une hauteur égale à son rayon \(R\). Un directeur d'usine souhaiterait minimiser la surface \(S\) de la casserole pour économiser son métal. Notre mission est donc de trouver la relation entre le volume \(V\) et le rayon \(R\) qui minimise la surface \(S\) d'une casserole.
Ăquations du volume et de la surface
oĂč \(R\) est le rayon de la casserole et \(h\) est sa hauteur.
La surface S est composĂ©e de deux parties : la partie supĂ©rieure (la face circulaire) et la partie infĂ©rieure (le fond). OĂč \(\pi R^2\) reprĂ©sente la superficie de la face circulaire et \(2\pi Rh\) reprĂ©sente la longueur du fond.
Recherche du minimum
Pour minimiser notre surface S nous devons trouver le point oĂč la dĂ©rivĂ©e de S par rapport Ă R est nulle :
On peut calculer la dérivée de S en utilisant la rÚgle de la chaßne :
\(\(S'(R) = \frac{d(\pi R^2)}{dR} + \frac{d(2\pi Rh)}{dR}\)\) = \(2\pi R - 2\pi Rh/dR\) = \(2\pi R - 2V/R^2\)
Nous pouvons dire que \(V = \pi R^3\). Or nous savons que \(V=\pi R^2h\) donc \(R=h\)
Exemple 2 : la réfraction de la lumiÚre
On se propose de déduire du principe de Fermat l'une des lois de Descartes relative à la réfraction de la lumiÚre.
Lorsque la lumiĂšre passe d'un milieu oĂč sa vitesse de propagation est \(V_{1}\) Ă un milieu oĂč elle est Ă©gale Ă \(V_{2}\), il y a rĂ©fraction et en vertu du Principe de Fermat, la lumiĂšre doit mettre un temps minimal pour aller du point \(M\) (dans le milieu 1) au point \(N\) (dans le milieu 2).
Sur la figure ci-contre, on a :
Prenons comme variable \(O M_{1}=x\), et évaluons le temps mis par la lumiÚre pour aller de \(M\) à \(N\). Le temps nécessaire au parcours \(M O\) dans le milieu 1 est :
tandis que le temps nécessaire pour parcourir \(O N\) est :
le temps total mis pour aller de \(M\) Ă \(N\) est donc :
la condition nécessaire et suffisante pour que ce temps soit minimal est \(\Rightarrow \frac{\partial T}{\partial x}=0\) soit finalement :
or sur la figure on remarque que \(x=O M \sin i_{1}\) et \(d-x=O N \sin i_{2}\) d'oĂč :
Il est donc possible de déduire les lois de Descartes, d'origine expérimentale, du principe de Fermat. C'est là une conséquence de ce principe, qui est ainsi justifié.